il ouvre les yeux sur son reflet sans comprendre. les maux de crâne se font de plus en plus violents et il peine à garder les paupières ouvertes. ses muscles se tendent sous l'effet de la pression et ses lèvres se déforment en une grimace presque animale. à l'extérieur, il entend que ça s'inquiète. son frère, sa mère.. ils se demandent bien quel mal peut le ronger mais lui ne décolère pas. il entend. trop de choses et si peu en même temps. il ferme les yeux, à nouveau. il se concentre sur sa respiration mais les voix sont toujours là, dans sa tête. tout ça c'est du cinéma, juste pour que maman le remarque. il serre le lavabo sous la paume de sa main, se crispe plus encore. mon pauvre bébé. mais ça ne suffit pas, ça ne suffit plus. depuis trois jours, c'est devenu son quotidien. ce que pensent les gens, ce qu'ils n'osent pas lui dire en face est désormais accessible comme l'est internet.. une toile énorme dans laquelle il se laisse prendre. il a compris ça en regardant son prof et en l'entendant proférer des menaces à l'égard d'un élève perturbateur sans pour autant ouvrir la bouche. et toute la méchanceté du monde lui est apparue alors si claire.. les gens sont mauvais, foncièrement. il s'est enfermé, depuis. sans rien dire à personne. mon chéri, tout va bien ? réelle ou non ? il ouvre les yeux, sans savoir. il ne fait plus la différence. en observant son reflet, il a remarqué la goutte de sang qui glisse de ses narines pour venir s'écraser un peu plus bas. je le déteste ! c'est son frère, la goutte de trop. il s'écroule et tout disparaît.
* * *
quand il ouvre les yeux, il n'est plus chez lui. il met un certain temps à se réveiller avant de réaliser que la chambre dans laquelle il est allongé n'est pas la sienne. il reprend doucement contact avec ses muscles, jusqu'à sentir l'extrémité de ses pieds. il ne sourit pas et se redresser dans ce lit lui paraît tout aussi difficile que gravir une montagne pourrait l'être. il lève ses mains, voulant s'essuyer le front mais sent le métal froid d'un casque qu'on lui a mis sur la tête. il ouvre grand les yeux, pourquoi ? la porte s'ouvre soudain, un homme assis sur une chaise roulant s'avance. je suis content de voir que tu es réveillé, deacon. une foule de questions se bousculent à son esprit mais l'homme ne le laisse pas poursuivre, déjà, il reprend la parole. je sais que tu dois te poser beaucoup de questions mais avant de prendre la parole, laisse moi t'expliquer qui je suis et ce que tu fais ici. il acquiesce, sans bouger. alors l'homme avance un peu jusqu'à la fenêtre et tire les rideaux. le spectacle à l'extérieur est aussi électrisant qu'effrayant. deacon se lève, sans un mots.. il s'approche et observe. ces jeunes gens que tu vois sont comme toi, eux aussi. ils se sont réveillés un matin en découvrant qu'ils possédaient une capacité que l'être humain ne connaissait pas jusque là. une capacité extraordinaire.. il se tourne vers deacon. comme le fait d'accéder aux pensées les plus intimes de ton entourage. clin d'oeil complice tandis que deacon observe une femme qui, concentrée, réussi à faire décoller du sol une table.. par la force de son esprit ? exactement ! interloqué, deacon observe l'homme qui sourit. je suis comme toi, deacon. moi aussi, je peux lire dans les esprits. c'est un don que j'ai appris à maîtriser avec le temps, avant de fonder cette école. un don que je mets au service des gens comme toi, comme nous.. et si tu le veux bien, j'aimerais que tu restes ici, que tu étudies en notre compagnie pour que tu puisses, toi aussi, devenir suffisamment fort pour gérer ton don sans avoir à le subir.
c'est comme ça qu'un beau matin, deacon mills rencontre le professeur george augustus et intègre l'école des mutants. là où les élèves sont des surhommes et où les pouvoirs sont considérés comme un don et non un fardeau. cachés du monde extérieur, les élèves ici apprennent à maîtriser ce qui fait d'eux des êtres extraordinaires. quand le monde autour ignore tout de ce qu'ils sont, de ce qu'ils font et de ce dont ils sont capables.
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